Haïti : le RHAJAC met en garde contre un “coup fatal” à la lutte anti-corruption
Le Réseau haïtien des journalistes anti-corruption (RHAJAC) tire la sonnette d’alarme face à une menace qu’il juge “imminente” pour l’intégrité de la lutte anti-corruption en Haïti. Dans un avis d’alerte publié ce mardi, l’organisation dénonce les manœuvres visant à écarter Me Hans Ludwig Joseph, directeur général de l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC), et Julcène Édouard, directeur général des Douanes.
Selon le RHAJAC, cette offensive trouve son origine dans le dernier rapport de l’ULCC mettant en cause trois membres du Conseil présidentiel de transition (CPT), le Dr Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire dans une affaire de détournement présumé de 100 millions de gourdes de la Banque nationale de crédit (BNC).
Le réseau accuse ces trois conseillers-présidents, déjà inculpés pour corruption, d’avoir consolidé leur influence depuis la prise de fonction de Laurent Saint-Cyr comme coordonnateur du CPT. Avec le soutien d’Edgard Leblanc et de Laurent Saint-Cyr lui-même, ils disposeraient désormais d’une majorité de cinq voix sur sept au sein de l’instance, leur permettant, selon le communiqué, “de révoquer, nommer et manipuler à leur guise”.
Le RHAJAC cite comme exemple la révocation récente de Normil Rameau, décidée après l’arrestation – sans l’aval de cette majorité – de l’ancien sénateur Nenel Cassy, recherché pour financement présumé de gangs, détournement de fonds publics et homicide.
Julcène Édouard, à la tête des Douanes haïtiennes depuis 2022, serait également visé pour avoir résisté à des “pressions politiques” dans le cadre d’opérations de lutte contre la fraude et la corruption douanière.
Le RHAJAC estime que l’éviction combinée de l’ULCC et des Douanes “porterait un coup fatal” à l’architecture institutionnelle de lutte contre la corruption en Haïti.
L’organisation exhorte la société civile à se mobiliser pour empêcher ce qu’elle qualifie de “décision injustifiée allant à l’encontre de l’intérêt national”.
“La révocation de ces deux hauts fonctionnaires constituerait un coup fatal porté à la lutte contre la corruption. La société civile doit agir maintenant”, affirme le communiqué signé par Djovany Michel (secrétaire général), Jean Louis Fanfan (secrétaire général adjoint) et Guyno Duverné (secrétaire administratif).